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Vous trouverez ci-dessous tous les livres de la sélection initiale du prix "Libraires en Seine" des 47 libraires de l'association.
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« Oscar est mort parce que je l'ai regardé mourir, sans bouger. Il est mort étranglé par les cordes d'une balançoire. » Ainsi commence ce court et intense roman qui nous raconte la dernière journée que passe Léonard, 17 ans, dans un camping des Landes écrasé de soleil. Cet acte irréparable, il ne se l'explique pas lui-même. Rester immobile, est-ce pareil que tuer ? Dans la panique, il enterre le corps sur la plage. Et c'est le lendemain, alors qu'il s'attend chaque instant à être découvert, qu'il rencontre une fille.
Ce roman est l'histoire d'un adolescent étranger au monde qui l'entoure, un adolescent qui ne sait pas jouer le jeu, celui de la séduction, de la fête, des vacances, et qui s'oppose, passivement mais de toutes ses forces, à cette injonction au bonheur que déversent les haut-parleurs du camping. -
2001. Les nuits parisiennes voient naître un nouveau monstre. Un serial killer s'en prend aux artistes, transformant chacune de ses scènes de crime en oeuvre mêlant esthétisme et barbarie. L'inspecteur Heckmann, flic vedette du moment, se retrouve en charge de cette très médiatique affaire et se lance dans la traque. Mais bientôt il lui semble que tous ces crimes ne sont qu'un moyen pour le tueur de jouer avec lui... Avec ce roman policier, Antonin Varenne révèle une fois de plus son incroyable talent à nous entraîner dans une course infernale où ses personnages doivent lutter contre leurs propres démons autant que contre le fracas du monde.
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À Oakland, dans la baie de San Francisco, les Indiens ne vivent pas sur une réserve mais dans un univers façonné par la rue et par la pauvreté, où chacun porte les traces d'une histoire douloureuse. Pourtant, tous les membres de cette communauté disparate tiennent à célébrer la beauté d'une culture que l'Amérique a bien failli engloutir. À l'occasion d'un grand pow-wow, douze personnages, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, vont voir leurs destins se lier. Ensemble, ils vont faire l'expérience de la violence et de la destruction, comme leurs ancêtres tant de fois avant eux.Débordant de rage et de poésie, ce premier roman, en cours de traduction dans plus d'une vingtaine de langues, impose une nouvelle voix saisissante, véritable révélation littéraire aux États-Unis. Ici n'est plus a été consacré « Meilleur roman de l'année » par l'ensemble de la presse américaine. Finaliste du prix Pulitzer et du National Book Award, il a reçu plusieurs récompenses prestigieuses dont le PEN/Hemingway Award.
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Girl est un roman sidérant, qui se lit d'un souffle et laisse pantois. Écrivant à la première personne, Edna O'Brien se met littéralement dans la peau d'une adolescente enlevée par Boko Haram. Depuis l'irruption d'hommes en armes dans l'enceinte de l'école, on vit avec elle son rapt, en compagnie de ses camarades de classe ; la traversée de la jungle en camion, sans autre échappatoire que la mort pour qui veut tenter de sauter à terre ; l'arrivée dans le camp, avec obligation de revêtir uniforme et hijab. La faim, la terreur, le désarroi et la perte des repères sont le lot quotidien de ces très jeunes filles qui, face aux imprécations de leurs ravisseurs, finissent par oublier jusqu'au son de leurs propres prières.
Mais le plus difficile commence quand la protagoniste de ce monologue halluciné parvient à s'évader, avec l'enfant qu'elle a eu d'un de ses bourreaux. Après des jours de marche, un parcours administratif harassant lors de son arrivée en ville, celle qui a enfin pu rejoindre son village et les siens se retrouve en butte à leur suspicion - et à l'hostilité de sa propre mère. Victime, elle est devenue coupable d'avoir introduit dans leur descendance un être au sang souillé par celui de l'ennemi.
Écrit dans l'urgence et la fièvre, Girl bouleverse par son rythme et sa fureur à dire, une fois encore, le destin des femmes bafouées. Dans son obstination à survivre et son inaltérable confiance en la possible rédemption du coeur humain, l'héroïne de ce très grand roman s'inscrit dans la lignée des figures féminines nourries par l'expérience de la jeune Edna O'Brien, mise au ban de son pays alors qu'elle avait à peine trente ans.
Devenue un des plus grands écrivains de ce siècle, elle nous offre un livre d'une sombre splendeur avec, malgré tout, au bout du tunnel, la tendresse et la beauté pour viatiques. -
Icône littéraire, auteur d'une oeuvre abondante, (Le Hussard sur le toit ; Un roi sans divertissement ; Colline...), Giono semble être l'écrivain patrimonial par excellence, voué à être étudié, admiré, célébré. Derrière l'image d'Épinal de l'écrivain provençal se cache pourtant un poète nerveux et tourmenté, un homme défait par la guerre et travaillé par la noirceur, l'amour et le désir tout autant que par la quête de paix et de lumière.
À la frontière de l'essai et de la biographie, Emmanuelle Lambert construit le portrait intime d'un auteur aussi rayonnant qu'obscur, une méditation incarnée sur la puissance du geste créateur. -
Dix ans après La Solitude des nombres premiers, un adieu à la jeunesse dans un bouleversant roman d'amour et d'amitié.
Chaque été, Teresa passe ses vacances chez sa grand-mère, dans les Pouilles. Une nuit, elle voit par la fenêtre de sa chambre trois garçons se baigner nus dans la piscine de la villa. Ils s'appellent Nicola, Bern et Tommaso, ce sont " ceux de la ferme " d'à côté, jeunes, purs et vibrants de désirs. Teresa l'ignore encore, mais cette rencontre va faire basculer sa vie en l'unissant à ces trois " frères " pour les vingt années à venir, entre amours et rivalités, aspirations et désillusions. Fascinée par Bern, personnage emblématique et tourmenté, viscéralement attaché à la terre somptueuse où il a grandi, elle n'hésitera pas, malgré l'opposition de sa famille, à épouser ses idéaux au sein d'une communauté fondée sur le respect de la nature et le refus du monde matérialiste, à l'image de la génération des années 90, tiraillée entre le besoin de transgression et le désir d'appartenance, mais entièrement tendue vers l'avenir, avide de tout, y compris du ciel.
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Né en 1982 à Turin, Paolo Giordano est docteur en physique théorique. À l'âge de 26 ans, avec son premier roman, La Solitude des nombres premiers, il est le plus jeune auteur à obtenir le prestigieux prix Strega : deux millions d'exemplaires vendus, une trentaine de traductions dans le monde. Il confirme ensuite son talent dans Le Corps humain et Les Humeurs insolubles.
Nathalie Bauer a publié plusieurs romans et traduit plus de cent ouvrages italiens, dont des œuvres de Mario Soldati, Primo Levi, Natalia Ginzburg, Marcello Fois et Michela Murgia.
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Sur le rivage de la péninsule du Kamtchatka, aux confins de la Russie, deux petites filles disparaissent. L'enlèvement bouleverse les habitants : le coupable serait-il un étranger de passage ? Pire, l'un d'entre eux ? Comme une onde de choc, le trouble se propage et vient ébranler la vie de dix femmes dans leur quotidien, leurs amours et leurs rêves secrets, tandis que le puzzle de la disparition se reconstitue peu à peu...
Dans un décor inoubliable, entre volcans, eaux sombres et faune hostile, Julia Phillips construit un huis clos magistral dans la lignée de Laura Kasischke et d'Alice Munro, où l'émotion se mêle au suspense. -
Après avoir donné naissance à une petite fille, Cora Salme reprend son travail chez Borélia. La compagnie d'assurances vient de quitter les mains de ses fondateurs, rachetée par un groupe qui promet de la moderniser. Cora aurait aimé devenir photographe. Faute d'avoir percé, elle occupe désormais un poste en marketing qui lui semble un bon compromis pour construire une famille et se projeter dans l'avenir. C'est sans compter qu'en 2010, la crise dont les médias s'inquiètent depuis deux ans rattrape brutalement l'entreprise. Quand les couloirs se mettent à bruire des mots de restructuration et d'optimisation, tout pour elle commence à se détraquer, dans son travail comme dans le couple qu'elle forme avec Pierre. Prise dans la pénombre du métro, pressant le pas dans les gares, dérivant avec les nuages qui filent devant les fenêtres de son bureau à La Défense, Cora se demande quel répit le quotidien lui laisse pour ne pas perdre le contact avec ses rêves.
À travers le portrait d'une femme prête à multiplier les risques pour se sentir vivante, Vincent Message scrute les métamorphoses du capitalisme contemporain, dans un roman tour à tour réaliste et poétique, qui affirme aussi toute la force de notre désir de liberté.
Vincent Message est né en 1983. Cora dans la spirale est son troisième roman, après Les Veilleurs (Seuil, 2009), lauréat du prix Virgin-Lire, et Défaite des maîtres et possesseurs (Seuil, 2016), récompensé par le prix Orange du livre.
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« Le Maroc, c'est un pays dont j'ai hérité un prénom que je passe ma vie à épeler et un bronzage permanent qui supporte mal l'hiver à Paris, surtout quand il s'agissait de trouver un petit boulot pour payer mes études. »Marwan et ses deux frères ne comprennent pas. Mais pourquoi leur père, garagiste à Clichy, souhaitait-il être enterré à Casablanca ? Comme si le chagrin ne suffisait pas. Pourquoi leur imposer ça. C'est Marwan qui ira. C'est lui qui accompagnera le cercueil dans l'avion, tandis que le reste de la famille arrivera par la route. Et c'est à lui que sa grand-mère, dernier lien avec ce pays qu'il connaît mal, racontera toute l'histoire. L'incroyable histoire.« Ceux que je suis » est un roman plein de pudeur et de délicatesse, dont la subtilité se révèle à travers des scènes à la justesse toujours irréprochable.
Olivier Dorchamps a 45 ans et vit à Londres. Né dans une famille cosmopolite, il a une double nationalité, française et anglaise. Ancien avocat, il a radicalement changé de vie pour écrire et prendre des cours de théâtre. Il a fait le choix du Français pour son premier roman parce qu'il préfère la littérature française à la littérature anglo-saxonne. -
1954. C'est dans un village perdu entre la France et l'Italie que Stan, paléontologue en fin de carrière, convoque Umberto et Peter, deux autres scientifiques. Car Stan a un projet. Ou plutôt un rêve. De ceux, obsédants, qu'on ne peut ignorer. Il prend la forme, improbable, d'un squelette. Apatosaure ? Brontosaure ? Il ne sait pas vraiment. Mais le monstre dort forcément quelque part là-haut, dans la glace. S'il le découvre, ce sera enfin la gloire, il en est convaincu. Alors l'ascension commence.
Mais le froid, l'altitude, la solitude, se resserrent comme un étau. Et entraînent l'équipée là où nul n'aurait pensé aller. De sa plume cinématographique et poétique, Jean-Baptiste Andrea signe un roman à couper le souffle, porté par ces folies qui nous hantent. -
Ce qui est monstrueux est normal
Céline Lapertot
- Viviane Hamy
- Domaine français- Les contemporains
- 8 Mai 2019
- 9791097417383
Céline Lapertot se confronte à son passé. De ce combat nécessaire avec elle-même et ses souvenirs est né ce texte qui n'est pas un livre comme les autres. Ce qui est monstrueux est normal n'est pas une autofiction, c'est un récit autobiographique, un long cri plein de rage.
Ce qui est monstrueux est normal, c'est une phrase qu'elle écrira souvent, l'enfant devenue grande, sans savoir que cette litanie constituera le fil rouge d'un récit. Oui, ce qui est monstrueux est normal, pour un être jeune dont l'œil s'habitue aux fissures dans les murs blancs et aux odeurs d'urine dans les couloirs d'immeubles. Il vaut mieux en rire qu'en pleurer, dit l'adage populaire, à peine conscient de son héritage. Rire de l'homme qui nous élève, chercher tout au fond de soi le respect qu'on lui doit, mais rire – un rictus qu'on n'effacera jamais – pour oublier qu'on voudrait lui balancer un bon coup de pied dans la nuque. -
Un virus a fait disparaître la quasi-totalité des animaux de la surface de la Terre. Pour pallier la pénurie de viande, des scientifiques ont créé une nouvelle race, à partir de génomes humains, qui servira de bétail pour la consommation.
Ce roman est l'histoire d'un homme qui travaille dans un abattoir et ressent un beau jour un trouble pour une femelle de « première génération ». Or, tout contact inapproprié avec ce qui est considéré comme un animal d'élevage est passible de la peine de mort. À l'insu de tous, il va peu à peu la traiter comme un être humain.
Le tour de force d'Agustina Bazterrica est de nous faire accepter ce postulat de départ en nous précipitant dans un suspense insoutenable. Roman d'une brûlante actualité, tout à la fois allégorique et réaliste, Cadavre exquis utilise tous les ressorts de la fiction pour venir bouleverser notre conception des relations humaines et animales. -
Mimmo et Cristofaro sont amis à la vie à la mort, camarades de classe et complices d'école buissonnière. Cristofaro qui, chaque soir, pleure la bière de son père. Mimmo qui aime Celeste, captive du balcon quand Carmela, sa mère, s'agenouille sur le lit pour prier la Vierge tandis que les hommes du quartier se plient au-dessus d'elle. Tous rêvent d'avoir pour père Totò le pickpocket, coureur insaisissable et héros du Borgo Vecchio, qui, s'il détrousse sans vergogne les dames du centre-ville, garde son pistolet dans sa chaussette pour résister plus aisément à la tentation de s'en servir. Un pistolet que Mimmo voudrait bien utiliser contre le père de Cristofaro, pour sauver son ami d'une mort certaine.
L'intrigue est semblable à celle d'un livret d'opéra : violence et beauté, bien et mal se mêlent pour nous tenir en haleine jusqu'au grand final.
Giosuè Calaciura est né à Palerme et il vit et travaille à Rome. Journaliste, il écrit régulièrement pour de nombreux quotidiens et diverses revues. Borgo Vecchio est son cinquième roman traduit en français. Il a remporté, lors de sa sortie en Italie, le prix Paolo Volponi.
"La langue de Giosuè Calaciura est unique, objectivement unique : c'est une langue très belle, dense, poétique, baroque, traversée de constantes inventions métaphoriques."
Jérôme Ferrari
"Borgo Vecchio est une fable mélodramatique qui fait penser aux oeuvres les plus visionnaires de García Márquez. Le portrait d'une insularité méditerranéenne magique et extrême."
Goffredo Fofi, Internazionale -
Il y a d'un côté le colosse unijambiste et alcoolique, et tout ce qui va avec : violence conjugale, comportement irrationnel, tragi-comédie du quotidien, un "gros déglingo", dit sa fille, un vrai punk avant l'heure. Il y a de l'autre le lecteur autodidacte de spiritualité orientale, à la sensibilité artistique empêchée, déposant chaque soir un tendre baiser sur le portrait pixelisé de feu son épouse. Mon père, dit sa fille, qu'elle seule semble voir sous les apparences du premier. Il y a enfin une maison, à Carrières-sous-Poissy, et un monde anciennement rural et ouvrier. De cette maison il faut bien faire quelque chose, à la mort de ce père Janus. Capharnaüm invraisemblable, caverne d'Ali-Baba, la maison délabrée devient un réseau infini de signes et de souvenirs pour sa fille, la narratrice, qui décide de trier méthodiquement ses affaires. Et puis, un jour, comme venue du passé et parlant d'outre-tombe, une lettre arrive qui dit toute la vérité sur ce père aimé auquel, malgré la distance sociale, sa fille ressemble tant.
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Ce premier roman étranger paraît simultanément aux Etats-Unis (Interlink Publishing) sous le titre Dune Song.
« Je suis venue au Sahara pour y être enterrée. »
Ainsi commence l'histoire de Jeehan Nathaar.
Jeehan choisit de quitter New York, où elle a vécu la plus grande partie de son existence, après avoir assisté à l'effondrement des tours du World Trade Center.
Avec elles, son rêve américain s'écroule : dans le regard des autres elle est devenue une étrangère, comme nombre d'Arabo-musulmans depuis le 11 septembre 2001.
En quête d'identité, elle retourne à sa terre natale où elle se trouve impliquée dans une autre tragédie, celle des migrants qui traversent le Sahara à la recherche d'une nouvelle vie.
Cartographie du clivage entre Occident et Orient, le roman oscille entre les débris de Manhattan dans les jours qui suivent le 11 septembre et les sables de Lalla el Aliah, la plus haute dune du désert marocain. C'est pour renaître à elle-même que Jeehan s'y laisse ensevelir.
Traduit de l'américain par Laurence W. Ø. Larsen -
Belles infidèles : traductions libres, fleuries et souvent parcellaires des textes de l'Antiquité, qui privilégient l'élégance finale du français à la fidélité au texte d'origine.
Julien Sauvage est traducteur. Abonné aux guides de voyage et aux livres de cuisine, il rêve en vain d'écrire son propre roman : le récit sublimé d'un chagrin d'amour.Une façon pour lui d'en finir avec Laura, sa belle Franco-Italienne qui lui a piétiné le coeur. Mais contre toute attente, une éditrice parisienne le contacte pour traduire en urgence un roman encensé en Italie : Rebus, l'oeuvre d'un brillant trentenaire, Agostino Leonelli. Alors qu'il progresse dans la traduction, Julien retrouve la terre rouge des Pouilles, les figuiers de Barbarie, les jardins riches en plantes grasses avec la mer à l'horizon. Il plonge dans les années de plomb, que son vieux mentor Salvatore, libraire exilé à Paris, rechigne à évoquer. Il revoit Laura, sa lumière, son ventre constellé de grains de beauté. Il embrasse à nouveau la souplesse et les caprices de la langue italienne... Jusqu'à ce que le doute l'étreigne : l'histoire dont s'inspire Rebus pourrait-elle être aussi la sienne ?
En se glissant parfaitement dans la peau d'un homme, Romane Lafore signe un premier roman aussi virtuose que jubilatoire, véritable hommage à la fiction. -
Une poignée de douleur et de chagrin suffit pour trahir, et une seule étoile scintillant dans la nuit pour qu'un peu de lumière brille par intermittence dans toute cette horreur. Dans la lignée des
Bienveillantes de Jonathan Littell ou de
Cent ans de solitude de Gabriel García Márquez, un roman hors normes, une fresque exubérante et tragique, pleine de passion, de sang et de larmes, qui retrace tout un pan du XXe siècle, de Riga à Tel Aviv en passant par Auschwitz et Paris.
À travers l'histoire de Koja, Hubert et Ev Solm, deux frères et leur soeur, sorte de ménage à trois électrique, Chris Kraus nous entraîne dans des zones d'ombre où morale et droiture sont violemment bafouées, et dresse en creux le portrait d'une Europe à l'agonie, soumise à de nouvelles règles du jeu.
Une oeuvre impressionnante, magnum opus sur le déclin d'une époque et la naissance d'une nouvelle ère. -
" Il y a des gens à qui sied la vérité et d'autres que le mensonge embellit. " Nymphea porte un nom de fleur mais son quotidien est loin d'être rose. À dix-sept ans, elle traîne ses complexes et souffre d'une vie insignifiante, où rien ne lui arrive jamais. En vendant des glaces pendant l'été, elle espère enfin sentir souffler le vent de l'aventure. Mais rien ne se passe... Jusqu'au jour où Avishaï Milner, chanteur populaire sur le retour, franchit le seuil de son échoppe. Pressé et méprisant, le play-boy déchu agresse verbalement Nymphea, puis la poursuit dans l'arrière-cour où elle s'est enfuie. Lorsqu'il la saisit par le bras, elle hurle et, l'instant d'après, toute la ville est là. En quelques secondes, la jeune fille récrit l'histoire, et Avishaï se retrouve en garde à vue pour tentative de viol sur mineure. Quant à la pseudo-victime, elle est propulsée au rang d'icône, Cendrillon en croisade contre les violences masculines.
Pendant ce temps, une autre femme est elle aussi entraînée dans un mensonge dont elle ne mesure pas encore les retombées : Raymonde, vieille juive issue de l'immigration marocaine en Israël, prend l'identité de Rivka, sa meilleure amie, rescapée des camps...
Fidèle au thème qu'elle ne cesse de sonder de livre en livre - le mensonge et la façon dont il referme ses griffes sur des individus même dépourvus de mauvaises intentions -, Ayelet Gundar-Goshen signe ici une fable urbaine subversive, caustique et tendre à la fois, aux mille et un retournements de situation. Le témoignage d'une littérature israélienne vivace, libre et engagée. -
La plus précieuse des marchandises - Un conte
Jean-Claude Grumberg
- Seuil
- La Librairie du XXIe siècle
- 10 Janvier 2019
- 9782021414202
Il était une fois, dans un grand bois, une pauvre bûcheronne et un pauvre bûcheron.
Non non non non, rassurez-vous, ce n'est pas Le Petit Poucet ! Pas du tout. Moi-même, tout comme vous, je déteste cette histoire ridicule. Où et quand a-t-on vu des parents abandonner leurs enfants faute de pouvoir les nourrir ? Allons...
Dans ce grand bois donc, régnaient grande faim et grand froid. Surtout en hiver. En été une chaleur accablante s'abattait sur ce bois et chassait le grand froid. La faim, elle, par contre, était constante, surtout en ces temps où sévissait, autour de ce bois, la guerre mondiale.
La guerre mondiale, oui oui oui oui oui.
J.-Cl. G.
Prix spécial du jury du prix des Libraires 2019.
Prix des lecteurs L'Express/BFMTV 2019.
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Non loin de Londres, il y a un village. Ce village appartient à ceux qui vivent là aujourd'hui, et à ceux qui ont vécu là autrefois. Il appartient au passé mystérieux du pays comme à son présent criard et confus. Il appartient à Pete le Dingue, le peintre paria à la réputation sulfureuse; à la vieille Peggy, qui marmonne derrière son portail; à un petit garçon nommé Lanny, tendre et imprévisible, et à ses parents, qui jamais ne le trouvent lorsqu'il se cache au fond des bois ou de ses songes.
Mais ce village appartient aussi au Père Lathrée Morte, étrange créature protéiforme, croque-mitaine, légende folklorique et divinité païenne, qui veille sur les lieux – à moins qu'il ne fasse planer sur eux une sourde menace. Partout et nulle part à la fois, il s'immisce dans les maisons, dans la terre, dans les arbres. Et surtout, il écoute – sans cesse à l'affût de ces voix humaines qui affleurent, se heurtent, s'entremêlent, et dont le chaos lui est un festin. Et, parmi ces voix, il y a celle qu'il préfère entre toutes. Une voix différente. La voix d'un petit garçon. Lanny.
Ode à l'enfance et à l'imagination, portrait de nos joies les plus simples, de nos peurs les plus enfouies et de nos fragilités les plus intimes, le deuxième roman de Max Porter est un conte qui puise aux sources du merveilleux comme du plus trivial pour révéler l'invisible et inquiétante magie à l'œuvre dans nos vies.
traduit de l'anglais par Charles Recoursé
Max Porter a longtemps été éditeur pour la maison britannique Granta. Son premier roman, La douleur porte un costume de plumes (Seuil, 2016), traduit dans 29 pays, a été couronné par le International Dylan Thomas Prize, le Europese Literatuurprijs, le BAMB Readers' Award, et a été finaliste du Guardian First Book Award ainsi que du Goldsmiths Prize. Lanny est son deuxième roman. Max Porter vit aujourd'hui à Bath avec sa famille.